Argumentation, néo-féminisme, symbolique

« Système patriarcal » comme prétexte à l’antisémitisme.

par Gilles Falavigna, auteur de « La mercatique ou le nouvel art de la guerre » et « Géopolitique de la conspiration contre les peuples »

La mise en accusation du système patriarcal est construite sur un fondement faux et mensonger basé sur l’ignorance et prétexte à l’antisémitisme. Pourquoi se focaliser sur le patriarcat blanc, occidental, alors que les sociétés asiatiques, africaines sont certainement encore plus marquées par lui ? Il sera facile de convenir que la société musulmane est la plus représentative du patriarcat.

Placer la pensée juive au sommet de la structure patriarcale est un non-sens, en premier lieu au regard des textes bibliques. La notion hébraïque de patriarches est actée par le chapitre consacré à la vie de Sarah, paracha (unité de division du texte biblique NDRL) Hayé Sarah (La vie de Sarah NDRL)

C’est à la mort de Sarah que son époux, Abraham, lui achète une tombe qui sera le caveau des patriarches, à Hebron. Les époux y sont enterrés avec leur épouse.

Il serait important de rappeler que l’Islam prescrit que les épouses ne soient pas enterrées avec leur conjoint. Il peut y avoir divergence entre les oulémas sur le statut juridique. Il est soit formellement interdit, soit un acte détestable.

https://www.islamweb.net/fr/fatwa/472447/Enterrer-plusieurs-personnes-dans-une-m%C3%AAme-tombe

La notion musulmane philosophique de la spiritualité est donc particulièrement individualiste.

A contrario, l’interprétation judaïque de la Bible se focalise sur la complémentarité homme-femme symbolisé par l’étoile de David. L’homme propose, la femme dispose. Ils sont indissociables jusque dans la faute. Adam la provoque en falsifiant la parole de Dieu, toucher le fruit défendu, quand il ne dit que « goûter » le fruit. Eve la réalise en le goûtant. La femme est dans le concret. Une des caractéristiques majeures du Judaïsme est de se déterminer dans le concret. Il se veut de pensée féminine et se transmet par la mère. Si la religion,le mode de vie et de pensée sont transmis par la mère, alors le patriarcat est une notion féminine.

La lecture de la Bible nous confirme que Jacob, clé de voûte des Patriarches, est élevé sous la tente de sa mère. Son frère, Esaü, attaché à la famille amalécite, est élevé sous la tente de son père. C’est lui qui est porteur de la virilité.

Esaü, ensuite, s’unira à la famille d’Ishmael, en Arabie.

La Torah s’intéresse donc à la vie de Sarah quand elle est morte. Nous pouvons y voir une distinction entre le concept et le matériel, le concret et l’idée. Nous venons de voir que la pensée judaïque attribut le concret à la femme et le concept à l’homme.

Le féminin permet au masculin d’ancrer l’abstrait dans le concret, que la façon d’agir soit conforme à la façon d’être. Nous pourrions convenir que c’est le sens du caveau des patriarches.

Il en est globalement de même pour la civilisation européenne. La société organique indo-européenne s’inscrit sur l’ordre de la nature féconde, féminine. Si Goethe évoque l’éternel féminin, les commentateurs indiquent qu’il est beaucoup plus que l’anima de Carl-Gustav Jung, objet des diverses représentations par et pour l’homme. Tous les attributs de vie, dans cette société patriarcale, sont féminins. La nature masculine est soumise à la nature féminine.

La femme sauve Faust de la damnation. Simone Weil démontrait que l’essence de la pensée européenne était le souci de l’autre. Faust est sauvé parce que l’ego ne le domine pas.

L’éternel féminin s’inscrit dans toutes les dimensions sociétales et métaphysiques. La particularité de cette idéal est de ne jamais se soumettre à la conformité sociale.

La nature ne se soumet pas. La notion de droit naturel en découle. La justice est féminine. Il y a le passager. Il y a le définitif. Par définition, le progrès est passager.

Puisque le principe du mâle blanc dominant est basé sur la structure patriarcale et que ses adversaires placent le Juif au sommet de celle-ci, nous devons revenir sur le concept du patriarche dans le Judaïsme et la manière dont les rabbins l’enseignent.

Abraham est le patriarche. Pour être clair, il est enterré auprès de son épouse et non l’inverse. Ce n’est pas Sarah qui est enterrée auprès de son époux.

Abraham est un prophète. Ce n’est pas au sens de lire l’avenir. Il établit une nouvelle religion, celle qui sera. Abraham est le père pour les hommes à venir. Sarah est la mère pour les femmes.

Leur relation est basée sur la réalisation d’un projet, comme pouvait l’être la relation entre Pierre et Marie Curie, dit le rabbin Adin Steinsaltz.

Leur travail est le travail d’un couple mais c’est Sarah qui explique à Abraham comment faire.

Du rapport entre Sarah et Abraham , ce dernier a reçu la consigne de Dieu: « Tout ce que te dira Sarah, fais selon sa volonté ! » Pour rappel, Abraham aimait Hagar et a eu un fils, Ismaël avec elle. Dans la religion hébraïque, les patriarches sont ceux qui ont une vision de l’avenir. Les matriarches sont bien plus importantes que les patriarches pour la prophétie.

Du reste, et ce n’est pas anodin, Abraham présente aux tiers Sarah comme sa sœur avant d’être son épouse. Elle est son égale. C’est quelque chose de nouveau aux yeux du monde. C’est ce qui constitue le système patriarcal.

Sur un niveau plus spirituel au regard de la mission que prend en charge le couple, le résultat est l’enfantement. Dans la Bible, les deux personnages sont les seuls qui changent de nom. C’est la marque de l’évolution vers le miracle de la vie. Ils sont très vieux et Sarah est dépourvue de matrice. L’annonce de la maternité la fait rire, émotion humaine. Saraï (le aï vaut deux h) devient Sarah et Abram devient Abraham. Tout est rendu possible par la transmission du h de Saraï à Abram.

Abraham et Sarah partagent une idéologie commune. L’émotion n’en est pas le déterminant. Elle n’est pas absente. Abraham dit à Sarah qu’elle est belle.

Si on accepte le principe de la prophétie, alors cet événement constituant de la relation Abraham-Sarah-Ismaël explique les attaques islamo-gauchistes contre le patriarcat que représente l’idéologie juive et que représente l’État d’Israël en sa matérialité.

En conclusion, la moralité serait celle de la fable du loup et l’agneau. Non seulement la raison du plus fort est toujours la meilleure, le mâle blanc en l’occurrence, n’est pas dominant. Mais des prétextes fallacieux seront avancés en justification.

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