désinformation, imposture, Médias et conflit israélo-palestinien, nouvelle religion

Polonium pour les intellectuels: réponse à l’édito de N. Polony

Toute pensée est née d’une sensation contrariée, disait Cioran. La preuve qu’être fasciste adhérant à la Garde de fer n’affecte pas le raisonnement intellectuel. Ce  texte aussi résulte d’une contrariété éprouvée en lisant l’édito de N. Polony  du 13 mars (ici). Dans cet éditorial, particulièrement marqué par les poncifs et par le ressassement des clichés habituels de « colonisationviolentedesextrémistesreligieux » devenus le vrai mantra que de nombreux journalistes français déclament à longueur de journée, l’ex grande dame du journalisme se dépasse, en livrant au lecteur une parodie d’oraison funèbre pour un Mohammed Ludwig Bethoveen dévoré par les chiens errants ou par Fatima Marie Curie mourante de faim.

Natacha n’est pas à son coup d’essai, en 2021, elle a déjà produit un morceau d’anthologie auquel j’ai répondu (ici). Dans l’édito du 13 mars, elle précise que les décompte des morts relève des mathémtiques propagandistes du Ministère de la Santé du Hamas. Et immédiatement après, pour ne pas être soupçonnée de faire le « jeu de l’extrême droite israélienne », elle écrit que Tsahal ne précise pas non plus le nombre exact des morts.  Dans ces mathématiques d’une équilibriste médiatique, (« je suis honnête, regardez comment je gère des sources iméprices ») se profile la vielle antienne de « la réponse disproportionnée » . En effet, la doxa médiatique ne surgit pas du néant, elle capte et prend appui sur un corpus de représentations déjà installées, pour les galvaniser.  Polony ne parle pas de « génocide », elle ne s’abaisse pas (encore) à ces crétineries des guignols internationaux, elle préfère le vocabulaire religieux (chrétien ou musulman, je ne saurai le dire) : elle parle « du martyre », tout en pourfendant « les religieux » et « le religieux ».

Les médias et l’Etat Français sont d’accord sur un point: les civils israéliens auraient dû se faire assassiner en masse, pour obtenir un équilibre de morts. « Il faut arrêter le massacre » (commis par l’armée israélienne), écrit Polony, mais aurait-t-elle déjà oublié le vrai massacre, celui du 7 octobre ? Sait-elle ce qu’est la guerre ? Comme activité militaire de défense de son peuple, de son état, de son territoire ? Exiger le cessez-le feu sans rien demander à Hamas, revient à défendre l’idéologie du Hamas.  La logique médiatique est ainsi faite, qu’elle trouve décent d’aller fleurir les tombes d’Israéliens morts au Mémorial du 7 octobre, et indécent de soutenir Israël en train de défendre son existence. Car tous ceux qui parlent des négociations avec les gens dont le seul but est d’exterminer les Juifs jouent le jeu du Hamas. Que cela soit clair et net. Ce que j’écris ici relève du consensus national israélien. Mais pour ces journaleux, les soldats israéliens ne sont pas morts en assez grand nombre. L’autel du discours médiatique exige un égal amoncellement de cadavres. On me dira en bon chrétien : et les « innocents » ? Et je répondrai que le Hamas a pensé, et bien pensé, aussi à ces morts, qu’il a conçu les cimitières en vue de la victoire médiatique que lui reconnaissent bien volontiers tous les Polony d’Europe et d’Etast-Unis. Plus il y a de morts palestiniens, plus le Hamas bénéficie de la sympathie des naïfs, des idiots et des masochistes occidentaux. Plus il obtient des soutiens des musulmans sommés de s’identifier au « peuple palestinien ». Ces cadavres de civils palestiniens sont le véritable trophée du Hamas. Les Mozart et les Einstein palestiniens sont tués par les leurs qui savait parfaitement, en attaquant Israël, quelle allait être sa réaction. Plus il y a de morts à Gaza, plus le Hamas gagne l’amour des moutons occidentaux.

Continuons :

« Mais au fond qu’importe ?  Il n’est pas nécessaire de se référer aux chiffres teintés de propagande du Hamas pour décrire la réalité de ce qui se passe à Gaza : deux millions de personnes sont bombardées, déplacées, de leurs maisons, privées des moyens minimum de subsistance, d’eau , d’électricité, de médicaments, entassées sur des routes et dans des camps, punies collectivement pour les attaques terroristes du 7 octobre, parce que certains en Israël, en Europe et aux États-Unis, considèrent qu’après tout ils l’ont bien cherché … ».

Ne pas dire pourquoi ces gens-là souffrent de la faim et pourquoi leur Beethoven et leur Curie sont en train d’être dévorés par les chiens est une manifestation larvée d’antisémitisme, enveloppée d’un humanisme factice. Par ailleurs, parmi les points notables de cet éditorial de Polony, qui a accueilli sur les pages de Marianne, Pierre-André Taguieff et Georges Bensoussan, on lit les raisonnements dignes des Protocoles des Sages de Sion :

« L’administration américaine semble pieds et poings liés, réduite à des largages de nourriture, incapable d’obtenir un cessez-le-feu ».

Qui lui a lié les pieds et les poings, à l’administration ? Qu’est-ce que ce Goliath américain qui plie le genou devant le petit David Netanyahou, représentant diabolique du malheur ? Polony va au-delà de la mythologie biblique, et met en cause « trois députés extrémistes » de son gouvernement. « Une poignée de religieux délirants » qui fragilisent l’Occident. Mais comment ont-ils fait ? Et quel est au juste leur délire ? Comment ne pas penser à Mélanie Philips qui a tant de fois remarqué qu’il est tellement plus facile de fabriquer les croquemitaines que de faire face à la réalité meurtrière. Surtout quand on n’a pas d’idée ni de la réalité sur le terrain -(Polony écrit ses articles de son bureau parisien, et pas de Khan Yunis ou de Mont du Temple[1], elle ne connait rien aux affaires religieuses juives ni musulmanes, elle en a fait montre il y a quelques années). Et comme un disque rayé, elle répète que « les extrémistes de droite » sont l’obstacle à la paix. Elle ne soupçonne même pas qu’une bonne partie des Israéliens rejette Netanyahou, parce qu’ils le trouvent trop mou et trop indécis. Que la plupart des Israéliens veulent des actions plus efficaces et moins consensuelles. Elle ne sait pas que la colère monte parce que nos soldats meurent faute de décisions catégoriques. Le gouvernment est fort malheureusement trop peu « extrémiste », si on reprend le langage de la dame. Si Polony faisait un tour dans les rues de Jérusalem ou de Tel-Aviv (où se mélangent les religieux, les laïques, les juifs russes, éthiopiens, algériens, marocains, tunisiens, hongrois et j’en passe, elle serait très étonnée). La plupart des Israéliens, et cela se dit sur toutes les chaines israéliennes, n’apprécient pas la politique de Biden qui freine la guerre et renforce l’influence de l’Iran dans la région. Biden, n’est pas apprécié en Israël ni par la droite, ni par beaucoup de gens de gauche, qui se réveillent de leurs illusions pacifistes.  

Dans d’autres passages, Polony,  fait concurrence à Clothilde Mraffko, connue par ses reportages mensongers (voir ici).

« Ceux qui n’ont pas voté pour le Hamas, ceux qui en Cisjordanie, ont préféré le Fatah, certes, corrompu, mais opposé aux islamistes, subissent la colonisation violente, les expropriations, les humiliations et la privation de toute forme de citoyenneté ».

 Si Polony lisait les rapports de Palestinian Media Watch, elle serait étonnée de découvrir que les Ministère de l’éducation à Ramallah tenu par le Fatah supervise l’écriture des manuels parfaitement anti-israéliens et antisémites distribués dans les écoles palestiniennes. Que le Fatah et le Hamas ont les mêmes objectifs : l’extermination des Juifs.

Continuons la lecture. Par exemple, « une puissance coloniale qui sacrifie une population civile à son fantasme d’éradiquer le Hamas par les armes ». « Puissance coloniale » -c’est un vocabulaire soviétique, islamiste et gauchiste. Les Frères Musulmans et de Villepin, Mahmoud Abbas et Rima Hassan utilisent ce langage.

Last but not least dans la série des mensonges, c’est l’histoire de la « privation de toute forme de citoyenneté ». Il y a deux jours, un attentat terroriste a eu lieu à Beer-Sheva. Un jeune « arabe israélien » a poignardé un homme de 51 ans dans un café. Ce jeune homme est un Arabe de Gaza qui a épousé une bédouine du Sud d’Israël. Immédiatement, il a obtenu la nationalité israélienne grâce à la loi de « regroupement familial ».

Les vrais délirants extrémistes sont les « intégristes médiatiques » qui attisent la haine antijuive en se rendant complices de terroristes. Ils ne comprennent pas que ce qui se passe en Israël est un modèle de modus operandi qui sera appliqué à l’Occident, que les islamistes s’identifient à ces images. Le discours médiatique est un grand pourvoyeur de ressources pour ceux qui veulent « casser du Juif » physiquement ou symboliquement. Et Natacha Polony joue cette partition abvec légèreté à laquelle elle ferait bien de réfléchir.

Mais les Hébreux sont de retour, n’en déplaise à Madame Polony, malgré ses éditos dignes de Pravda (je parle en toute connaissance de la prose de ce journal).  Et ils ne sont pas prêts à négocier leur survie, ils se battent pour.


[1] Cela lui ferait du bien d’assister à la sortie de la foule de la mosquée Al Aqsa un vendredi matin, en comprenant l’arabe de préférence, comme ça elle verra les amoureux de négociations pour la paix.

5 réflexions au sujet de “Polonium pour les intellectuels: réponse à l’édito de N. Polony”

  1. Merci Yana, l’essentiel est dit, et c’est en effet le culte du martyr occidental et oriental que le Hamas utilise comme arme, la mort de civils qu’il met en scène n’est que la gâchette. C’est bien le culte païen du martyr en occident et en orient qui nourrit le sacrifice humain auquel le Hamas se livre. De même, c’est le culte des guerriers en Israël qui a placé à des postes clefs des hommes trop imbus d’eux mêmes pour être à la hauteur de leur mission. L’invention d’un Dieu invisible mais présent rend les hommes souverains resonsables et actifs au lieu de se soummettre passivement à des autorités illégitimes, Natacha Polony est elle même une personne de pouvoir, elle alimente par son texte inconsciemment le sacrifice humain qui leui permet d’exister.

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  2. Merci. Quelques considérations militaires et de droit de la guerre pour faire bonne mesure.
    Une position équilibrée n’a pas de valeur morale en soi. Il n’y a pas de position équilibrée entre le NKVD qui bloque la nourriture et les paysans ukrainiens affamés dans les années 1930, il n’y a pas de position équilibrée entre les SS et les Juifs massacrés, entre les boat people et leurs oppresseurs, il n’y a pas de position équilibrée entre une puissance terroriste dont l’identité est l’élimination d’une démocratie et Israël. Une position équilibrée est parfois une position moralement malade. La « proporitionnalité » en droit de la guerre ne concerne pas le nombre de victimes mais le choix des cibles en fonction du résultat stratégique ou tactique (il est proportionnel de raser un village si le commandement ennemi s’y trouve, pas proportionnel de le faire s’il y a quelques soldats ennemis).
    C’est très bien de demander une aide humanitaire pour Gaza. Mais où étaient les démocraties occidentales quand l’aide humanitaire était nécessaire aux Syriens, aux Yéménites et aux 1,7 million d’Afghans aujourd’hui sur le point d’être expulsés du Pakistan et en partie massacrés par les Talibans ? En réalité, l’aide humanitaire n’est nécessaire que pour les ennemis des Juifs.
    Premièrement, Israël permet l’entrée de l’aide humanitaire dans Gaza. Le droit de la guerre ne prévoit nullement qu’un belligérant nourrisse la population de son adversaire. Il n’en a légalement l’obligation qu’à la fin des hostilités s’il occupe le territoire de l’adversaire. Israël va donc très au-delà du droit humanitaire.
    Deuxièmement, il n’y a pas de crimes de guerre à Gaza puisque les non combattants ne sont jamais ciblés.
    Troisièmement, jamais dans l’histoire de la guerre urbaine une armée n’a à ce point pris soin des non combattants (on compte au pire 1,2 non combattant mort pour un combattant alors que les ratios de guerre urbaine menée par les Occidentaux sont à deux chiffres). Les armées du monde entier sont stupéfaites.
    Mais les connaissances en droit et en polémologie de Madame Polony valent ses connaissances en histoire des religions…

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  3. Merci à Yana Grinshpun pour cette réaction très juste dans le ton (et pleinement justifiée !). Nous sommes fatigués d’entendre des « leçons » délivrées par des gens qui, fondamentalement, ne saisissent en rien les enjeux de la lutte à conduire face à l’islamisme. Soutien à Israël !

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  4. La comparaison entre la guerre à Gaza soumise au Hamas et le siège de Mossoul capturèe par Daesh est utile . 1,500,000 habitants a Mossoul soumis à 5,000 fanatiques de l’etat islamique ; le siège par l’armèe américaine, et les Kurdes a duré de septembre 2016 a juillet 2017 ; Au final il y a eu 30 civils tués par jour dans Mossoul soit 10,000 tués en 11 mois. Donc les chiffres du Hamas de 31,000 civils tués en 170 jours soit 180 civils tués par jour sont grotesques . Pas la moindre mise en doute , le moindre examen logique chez AFP , Al Jazeera , BBC et les organes de presse qui recrachent cette propagande .

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