par Anne-Marie le Pourhiet, professeur de droit public à l’Université Rennes 1 et vice-président de l’Association française de droit constitutionnel
publié le 10 août 2020 sur le site https://www.letelegramme.fr/france/tribune-les-derives-du-neo-feminisme-c-est-la-haine-des-hommes-10-08-2020-12596348.php
À une journaliste constatant que sa sœur avait refusé d’être récupérée par la militance féministe, le frère de la navigatrice Florence Arthaud avait simplement répondu : « Florence aimait trop les hommes pour être féministe ». Là se trouve effectivement le problème fondamental du féminisme contemporain, qui cherche moins à assurer la valorisation des femmes qu’à répandre la détestation des hommes.
Importé des campus anglo-saxons et complètement noyauté par des lesbiennes radicales, hétérophobes et androphobes, ce néoféminisme vindicatif et sectaire emprunte sa rhétorique à un mélange totalitaire de marxisme et de racisme. Son postulat de base est que la masculinité étant par nature « toxique », la relation entre les hommes et les femmes serait en conséquence « structurellement » nuisible puisque fondée sur une domination « systémique ». Selon ce catéchisme, les hommes développeraient depuis toujours une « culture du viol » de telle sorte que tout acte hétérosexuel serait intrinsèquement un viol ou une agression. Pour reprendre la formule de Sartre sur l’anti-communisme, la nouvelle militante féministe considère que « tout mâle hétérosexuel est un chien ». Si ce délire s’arrêtait au discours militant de viragos grincheuses, l’on pourrait se borner à s’en moquer et hausser les épaules. Malheureusement, l’entrisme des associations féministes dans les institutions publiques et l’appareil d’État, ajouté à la consternante couardise de nos gouvernants, a réussi à instaurer une forme de « dictature du matriarcat » inondant le droit français de lois toujours plus émasculatrices et liberticides. Tous les principes élémentaires du droit pénal sont balayés par un arsenal répressif insensé et discriminatoire, directement rédigé par les associations féministes, au mépris délibéré de la présomption d’innocence, du principe de légalité et de prescription des infractions, des droits de la défense, de la proportionnalité des peines et d’égalité des citoyens devant la loi. Dans le story telling militant que le législateur et le juge sont sommés d’intégrer la femme est toujours présumée innocente ou « sous emprise » et l’homme par essence coupable et inexcusable.
On devine bien que la « solution finale » dont rêvent les militantes réside dans le séparatisme et la ségrégation sexuels qui nous délivreraient du mâle. Le lesbianisme politique, paré du doux nom de « sororité », est désormais ouvertement promu par le lobby féministe comme horizon indépassable du bonheur féminin. La « PMA pour toutes » est ainsi la consécration officielle par le législateur français d’une procréation « sans contact », destinée à éliminer la paternité pour assurer la reproduction idyllique d’un entre-soi saphique, pur de toute contamination virile, donc virale.
Le gouvernement Castex, qui prétend vouloir s’en prendre au « séparatisme » islamique, serait bien inspiré d’ouvrir également les yeux sur le séparatisme sexuel à l’œuvre dans l’idéologie néo-féministe. La nomination d’Éric Dupond-Moretti à la chancellerie a pu donner un instant l’espoir de voir enfin l’État s’opposer au maccarthysme militant, mais la vague de ce que Mazarine Pingeot a récemment appelé « la haine rance de vieilles filles » semble avoir vite balayé les convictions libérales du nouveau Garde des sceaux.