Par Yana Grinshpun
La vesrion courte de cet article est publiée dans la Revue des Deux Mondes, numéro d’octobre 2022, pp. 136-14
Quelques événements
Le seize juillet 2012, Libération publie le dialogue entre Mohammed Merah, le meurtrier de Toulouse, et le négociateur du RAID. Mohammed Merah lui explique les motifs de ses actes :
« J’aurais jamais tué des enfants si vous aurez… si vous aurez pas tué nos enfants. J’ai tué des enfants juifs, parce que mes petites sœurs, mes petits frères musulmans se font tuer. Donc heu, heu. Donc moi je savais qu’en tuant que des militaires, des juifs, tout ça, le message passerait mieux. Parce que si j’aurais tué des civils, la population française aurait dit que, heu voilà, c’est un fou d’Al-Qaeda, c’est juste un terroriste, il tue des civils. Même si j’ai le droit, mais le message, il est différent. Là j’ai tué des militaires et des juifs ».
Cette justification/ légitimation de ses actes n’a jamais mérité aucun commentaire médiatique. Merah est sûr que lorsqu’il tue les juifs et les militaires, le message passe « mieux » que s’il tuait des civils français.
Le premier juin 2022, l’hebdomadaire l’Opinion, publie un article sur l’épidémie de « tenues islamiques » à l’Éducation Nationale. L’article pointe l’augmentation significative des lycéens qui défient la loi républicaine concernant le port ostentatoire des signes religieux à l’école. Il s’agit des tuniques masculines amples, des robes amples couvrant tout le corps, bref, de tenues portées par les adeptes de l’islam rigoriste. L’autrice de l’article note que si certains établissements interdisent clairement ces pratiques vestimentaires, d’autres ferment les yeux sur ce phénomène en laissant faire et en se cachant derrière la liberté de s’habiller « comme on veut » et la difficulté d’interprétation de ces tenues.
Une série « d’événements » a émaillé récemment les faits divers. Le 10 mai 2022, un médecin militaire, Alban Gervaise, a été égorgé sous les yeux de ses petits-enfants qu’il venait chercher à l’école à Marseille. Un certain Mohammed lui a coupé la gorge (geste sacrificiel) en criant « Allahu Akbar » (Allah est le plus grand). La presse n’en a pas parlé beaucoup. Le mardi 17 mai 2022 René Hadjadj, un homme de confession juive de 89 ans, a été retrouvé mort au pied de son immeuble, dans le quartier de La Duchère à Lyon. Il a été défenestré par un certain Rachid Kheniche, supposé « détraqué ». (La lecture de ses tweets ne permet pas d’affirmer qu’il s’agit de quelqu’un qui agirait au nom d’Allah, comme ce fut le cas pour Traore Kobili, assassin de Sarah Halimi. Mais ce qui est curieux c’est que sa folie, comme celle d’autres « détraqués » et « déstabilisés » qui s’en sont pris aux Juifs, est « traversée » par de forts motifs antisémites[1]).
Presque en même temps, il se produit un événement curieux à l’Académie des Beaux-Arts de Jérusalem, en Israël. Un étudiant arabe qui soutenait activement les attaques djihadistes des dernières semaines du printemps en Israël en postant des textes élogieux à la gloire des shahids (martyrs), a été exclu pour 15 jours de l’établissement. Son exclusion a provoqué le courroux de ses camarades arabes mais aussi de certains étudiants juifs. Un des professeurs de la faculté a demandé de l’aide de l’ONG « Breaking silence » pour qu’ils trouvent un bon avocat pour cet étudiant arabe. Les étudiants juifs et arabes ont même organisé une cagnotte pour que le glorificateur des terroristes retourne au plus vite à l’université. Ce dernier a retrouvé les bancs de l’ université au bout de 15 jours d’exclusion. Les étudiants arabes ont alors organisé une manifestation au sein de l’Académie en criant « Israël est un Etat terroriste ». Certains étudiants juifs ont dit qu’ils avaient peur de se retrouver avec le supporteur du terrorisme dans la même classe, car il applaudissait ouvertement le meurtre des juifs. D’autres (peu nombreux) ont protesté contre son retour à la faculté. Un étudiant juif, dans un accès de colère, en voyant le glorificateur des meurtriers assis, comme si de rien n’était, a renversé sa tasse de café. Il a été immédiatement exclu de l’Académie jusqu’à la fin du semestre. La direction de l’Académie des beaux-arts considère son exclusion de longue durée susceptible de satisfaire la demande des étudiants arabes.
À première vue, on ne voit pas de rapport entre ces évènements qui n’ont pas lieu au même endroit, ni à la même époque. Cependant, si on y réfléchit et si on mène cette réflexion non pas dans l’immédiateté de la réalité sociale, politique et idéologique qui concerne la France et Israël, mais en essayant de comprendre comment tous ces événements sont d’une manière ou d’une autre liés aux problèmes des origines (historiques, symboliques, religieuses), peut-être pourrait-on saisir le lien entre ces faits (même si le meurtre de Toulouse date d’il y a dix ans, la menace terroriste de cette ampleur n’est pas nulle) et comprendre leur dynamique. Les conflits entre les religions, entre les cultures et les modes de vie, les modes d’être au monde ont toujours des explications multifactorielles, jamais un seul paramètre n’est suffisante pour saisir les phénomènes d’adversité et de haine de l’autre. Des approches sociologiques, historiques, politiques, géographiques peuvent contribuent à penser ces phénomènes. Le point de vue de Daniel Sibony tient compte de l’inconscient et du symbolique, de ce qui fonde l’identité du sujet individuel et collectif sans qu’il en soit toujours conscient.
Nous proposons ici d’analyser ces événements à travers la lecture de quatre œuvres de Daniel Sibony qui abordent le thème des tensions entre les Arabes, les Juifs et l’Occident en proposant une vision originale et originelle du phénomène religieux, culturel, politique, psychologique et linguistique.
Les ouvrages
Nous nous appuierons, en particulier, sur Le grand malentendu. Islam, Israël, Occident ; Une certain vivre-ensemble. Musulmans et juifs dans le monde arabe ; Coran et Bible en questions et réponses, et Proche-Orient. Psychanalyse d’un conflit. Les trois premiers ouvrages sont publiés aux éditions Odile Jacob, le dernier au Seuil.
Le Grand Malentendu est un livre qui se présente sous forme de dix-sept essais sur le rapport entre l’Europe et l’Islam, Israël et le monde musulman, l’Europe, les Juifs et les Musulmans. Daniel Sibony écrit ces essais en 2014 pendant le bombardement de Tel-Aviv par les roquettes du Hamas. Le premier est écrit le 13 juillet 2014 et le dernier le 26 janvier 2016. Ce livre a pour point de départ un questionnement sur « la cause palestinienne » et sur ce qu’elle symbolise ou dissimule, sur l’usage que font de la mort non seulement les fanatiques terroristes, mais surtout ceux qui « se sentent bien » dans la modernité et passent pour les esprits libres et libérés de l’emprise religieuse. L’auteur postule d’emblée qu’il s’agit d’un enjeu global, qui dépasse de beaucoup le conflit du Proche-Orient et qui touche aux rapports entre l’Occident et le monde arabo-musulman. L’ensemble des essais montre de façon très nuancée le grand malentendu lié aux problèmes du mode d’existence des uns et des autres.
Un certain vivre-ensemble. Musulmans et juifs dans le monde arabe est un livre qui raconte et analyse la condition de vie des Juifs dans le monde arabe depuis l’islamisation de l’Afrique du Nord et l’expansion de l’Islam dans les pays d’Orient. Il est important de comprendre les bases de ce « vivre-ensemble », (dont certains essaient de présenter un tableau idyllique), qui s’est terminé par un départ massif des populations juives et par la disparition rapide des chrétiens d’Orient. L’auteur s’y intéresse précisément au plus grand problème de l’Islam : le rapport aux autres (non-musulmans), inscrit dans le Texte fondamental toujours très actif dans la dynamique de l’évolution des jeunes musulmans français.
Coran et Bible en questions et réponses est une étude historique, philologique et psychanalytique du rapport entre ces deux textes fondamentaux de l’humanité. L’auteur y montre comment le Coran prend appui sur le texte juif pour convertir les « infidèles » à la « vraie religion », l’Islam. Très loin de la lecture philologique ou de la lecture contemporaine « laïque » de ces textes, Sibony, connaisseur de la philosophie, de la pensée juive et de l’arabe propose de voir dans le Coran non pas un texte religieux « obscurantiste », mais un livre vivant stratégique et original. Son originalité consiste à présenter les Juifs comme traîtres à la parole divine, celle d’Allah, qui se veut une parole universelle. Le texte coranique y appellent « traîtres » ceux qui écrivirent le texte biblique, antérieur au texte du Coran de quinze siècles et qui effacèrent de ce texte le nom de Mohammed. Le Coran explique que les Juifs ont trahi le texte par rapport à sa version originale, qui est celle du Coran. Ce qui oblige à supposer que le Coran a été écrit avant la Bible. Mohamed, le porte-parole d’Allah, explique que les Juifs, dont il reprend le message qu’ils ont reçu de Dieu, ont failli car ils ont refusé l’Islam comme étant le véritable message. Daniel Sibony montre comment le dispositif coranique avance en empruntant le récit biblique, mais dont il se détache en rejetant à la fois le dispositif d’origine et ses protagonistes (les Juifs).
Proche Orient Psychanalyse d’un conflit se penche sur les racines inconscientes de l’impasse à laquelle aboutit le conflit entre les Juifs et les Arabes au Proche- Orient. Ce livre a pour ambition de mieux comprendre l’inconscient, les non-dits que les acteurs de ce conflit ne maîtrisent pas. C’est donc sans « états d’âme » que l’auteur examine les jouissances et les violences des uns et des autres, en les considérant comme des symptômes ou des souvenirs refoulés. Sibony ne prétend pas sortir un par un tous les cadavres enterrés par l’histoire millénaire des rapports des identités, il cherche à reconnaître les fantasmes fondamentaux des uns et des autres afin d’envisager le champ des possibles, en remaniant les blessures identitaires. L’auteur prête une attention particulière à la présentation verbale du conflit qui oppose les Juifs, le monde arabe (et pas seulement les Palestiniens) et le tiers (l’Europe) : « guerre de libération », « lutte anti-coloniale », « l’Autre », « guerres de religion », « antisionisme » etc. Il montre que les racines de ce conflit ne peuvent pas être comprises si les « origines » identitaires de l’islam, fondées sur le rejet fondamental de l’autre, sont inconnues, si le symbolisme juif indissociable de l’appel à retourner à la terre d’Israël, qui s’entend depuis trente siècles, n’est pas pris en compte, si enfin on ignore la transmission des origines symbolisée par le complexe Bible-Coran.
Mohammed Merah et ses morts
Commençons par le premier évènement. Merah est très clair sur deux choses :
-le meurtre des Juifs passe mieux que le meurtre des autres.
-Il y a « droit », ce qui présuppose que l’assassinat des Juifs est licite.
Il assimile les « militaires et les Juifs , parce que « militaire » et « juif » dans son esprit possèdent tous les deux le sème négatif « mal », mais aussi « ceux qui s’attaquent à l’Oumma », « les mécréants de manière active ». Merah identifie les Juifs français au peuple juif qui,selon lui, ne se comporterait pas bien en Israël. Daniel Sibony rappelle dans tous ses ouvrages que l’existence souveraine du peuple juif fait l’objet de la vindicte islamique. En terre d’islam, les Juifs étaient considérés comme « dhimmi », une minorité méprisable et sans moyens de défense, maudite par Allah et associée aux singes et aux porcs (sourate 5, V.59-60), et qu’il faut détruire (sourate 46, v.34-35). Mohammed Merah est d’origine algérienne, il a grandi au sein d’une famille très empeignée d’islam, également marqué par la haine des Juifs. Quand Merah dit qu’il a le droit de tuer des Juifs, il fait référence au droit divin, tout en montrant que les Juifs sont aussi mauvais que ce que le Coran en dit. Mais on n’aime pas trop en parler en France, car il est mal vu de parler des origines. C’est contraire à l’idée démocratique qui met toutes les personnes sur un même pied d’égalité, quelle que soit leur origine. Quand le musulman tchétchène, Abdoulakh Anzorov, a égorgé Samuel Paty, il s’est trouvé des anthropologues et des philosophes pour justifier cet acte par « la recherche du sens ». Ils n’ont pas tort, mais leurs analyses ne vont pas très loin. Car Anzorov a en effet donné sens à sa vie, en allant le chercher dans le texte fondateur qui a pour fonction justement de donner du sens à la vie des hommes. Dans un article explicatif, l’anthropologue Alain Bertot[2] n’hésite pas à écrire que le tueur de Samuel Paty, Abdoullah Anzorov, est un « déraciné » qui a donné sens à sa propre vie, il était, en somme, perdu, désespéré. Le meurtre devient donc la quête existentielle d’un homme perdu. Pas un mot sur l’éducation, la culture et la religion de ce personnage dont l’anthropologue universitaire ne sait, apparemment, que ce que qu’il a lu dans les médias. Le vrai coupable de cette tragédie, selon l’anthropologue, est « l’appréciation policière défaillante ». Nous irons plus loin que Bertot, en disant que c’est plutôt l’appréciation étatique qui est défaillante. L’absence d’interrogation des motifs qui donnent sens à la vie des islamistes est une défaillance de l’appareil d’État. Anzorov fait la guerre, il trouve donc le sens qui est inscrit dans le texte fondateur et l’État apprécie mal (voire pas du tout) ces manières de donner sens à la vie. Ces tentatives sont devenues nombreuses. Par ailleurs, selon ce raisonnement, une tuerie est un moyen de donner un sens de sa vie. Auquel cas, la tuerie cesse d’être l’œuvre d’un déraciné. Mais même si l’on adopte cette logique, il reste néanmoins que c’est une justification de l’acte de tuer. Malgré les conjonctures existentielles de quelques exégètes compassionnels, il est raisonnable de penser que le tueur l’a fait non pas au nom d’un quelconque sens ésotérique, mais au nom de l’islam, en agissant selon la loi de la charia qui interdit de se moquer de la religion[3]. Samuel Paty a enfreint cette loi en montrant des caricatures du prophète. Cet enseignant croyait vivre sous la loi française et ne pensait pas la transgresser, or, il a été exécuté selon la charia. Daniel Sibony rappelle que la charia interdit toute critique de l’islam surtout par les non musulmans. L’auteur ajoute ceci « …dire que l’islam comporte la charia et le jihad, c’est une critique ».
L’idée d’interroger les convictions au nom desquelles Merah, les frères Kouachi, Anzorov et autres commettent leurs actes, n’est pas envisageable, car elle est « islamophobe ». Daniel Sibony prend ce mot au sens étymologique du terme en montrant que l’establishment français et européen est réellement « islamophobe » : « La peur de l’islam qui habite l’establishment européen, c’est la peur de la foule fanatique où prétend s’incarner le sacré ». L’islamophobie de l’establishment va de pair avec le mode de fonctionnement du droit français :
« Le pouvoir, dans chaque pays d’Europe, est donc coincé par une pression islamique qui à la fois lui fait peur mais le dénonce parce qu’il a peur, puisque cette peur, elle la nomme « islamophobie », et que c’est classé dans les « phobies » qu’il est honteux d’éprouver, qu’il n’y a donc pas à questionner. Ce coinçage arrange bien les responsables, il les conforte dans leur posture phobique, où le plus fort feint d’oublier sa force, la force de la loi comme on l’appelle, et se conduit comme une être faible, sauf en paroles »[4]
Tout ceci engendre des paradoxes que décrit bien le psychanalyste: l’antisémitisme est un péché mortel, le risque de stigmatiser l’islam est un autre péché mortel. Les Juifs sont attaqués par les Musulmans. Mais on ne peut pas (ou l’on ne veut pas) critiquer les musulmans lorsqu’on dit qu’ils sont élevés dans le syndrome antijuif. Et les Européens qui essaient de justifier les Merah pour dire que ceux-ci agissent contre Israël et non pas contre les Juifs sont démentis : tuer les Juifs ici pour venger Israël là-bas signifie bien que Merah est plus lucide que les belles âmes peureuses de l’Occident. Pour lui, les Juifs sont un peuple qu’Allah a maudit. Il dit bien au négociateur du Raid, « même si j’ai le droit » (de les tuer NDRL). Ce droit, son droit, ou celui qu’il s’arroge, est inscrit dans le texte.
« Nier que cette vindicte existe (contre les gens du Livre), c’est ignorer l’une des sources du double discours qui prévaut dans les rapports entre islam et Occident, double discours obligé, mais très bien toléré dans les pays arabes eux-mêmes »[5].
Il suffit d’écouter attentivement les gens du Hamas qui ne cessent de rappeler la vindicte coranique. Yunis Al-Astal, député du Hamas le 20 juillet 2020 :
« Il ne fait aucun doute qu’en occupant cette terre, les Juifs l’ont remplie de corruption, parce qu’Allah les a décrits en ces termes : « Chaque fois qu’ils allument le feu de la guerre, Allah l’éteint. Ils s’efforcent de répandre la corruption sur la terre. » Allah a dit qu’ils sont « les pires créatures vivantes aux yeux d’Allah » et qu’ils sont « les plus forts dans l’inimitié à l’encontre des croyants ». Israël est donc le révélateur de cette haine très ancienne.
Cependant, la réalité est plus complexe que le discours d’un Merah ou d’un Al-Astal qui parlent du djihad contre les Juifs, contre les militaires et contre Israël. Les attentats du 15 novembre contre la rédaction de Charlie Hebdo en sont la preuve. Les djihadistes attaquent non seulement les Juifs mais aussi des gens qui ne respectent pas la loi islamique. Et pourtant, la ritournelle habituelle, qui consiste à soutenir que cela n’a « rien à voir avec l’islam », empêche d’analyser la violence qui se réclame de l’islam continue à se faire entendre.
« L’épidémie des voiles » et la peur
Beaucoup d’encre a coulé sur la laïcité, ses lois, leur application, leur non-application. Le défi organisé, lancé par des lycéens qui se sont présentés un peu partout en France, habillés en abaya et en quamis (tenues traditionnelles musulmanes) a laissé, comme d’habitude , une gêne que l’on s’est empressé de couvrir par de belles paroles vides et insignifiantes sur la laïcité. Lorsque des enseignants ont rappelé les lois de l’école qui interdisent les signes religieux ostentatoires, ils étaient immédiatement accusés de racisme. Les lycéens vêtus de ces tenues traditionnelles disent qu’il s’agit de leur liberté de s’habiller comme ils veulent. Malgré la loi de 2004 qui interdit les signes et tenues manifestant ostensiblement une appartenance à une religion dans les établissements scolaires. Les jeunes qui enfreignent cette loi ne revendiquent pas la loi de la charia, car cette dernière n’interdit le port des vêtements de mécréants que lorsqu’il s’agit pour un musulman de s’habiller comme un curé ou un rabbin[7]. Ils le font pour tester l’autre, ce fameux autre, qui nie jusqu’à son identité de peur d’être taxé d’islamophobie, de racisme. Les jeunes musulmans le savent très bien, ils connaissent cette peur qui empêchent l’Europe, et en l’occurrence la France, de tenir ferme sur son identité laïque : « On croit que dire ce qui vous dérange avec l’islam, c’est exprimer de façon indécente la supériorité de l’Occident. Or il suffit d’affirmer certains repères auxquels on tient quand l’autre veut les piétiner ». [8] Cette manifestation concertée du mépris à l’égard de la loi républicaine n’est possible que parce que l’’Europe n’arrive pas à mettre au pas l’activisme islamique, ses institutions vivent dans la peur fondamentale que certains responsables expliquent ainsi : « Vous voulez qu’on soit strict, Qu’on applique la loi ? Et si un excité vient jeter une bombe dans le métro parisien ou madrilène comme cela s’est vu, hein ? »[9] Sibony montre qu’il s’agit ici d’un sophisme devenu doxique : s’il y a un risque que quelqu’un soit tué (une rectrice qui a tenu ferme contre les tenues islamiques a été menacée de mort), ceux qui veulent agir deviennent complices d’un meurtre, ils l’auront voulu en provoquant les musulmans. « Autrement dit, ceux qui espèrent en la loi deviennent coupable des sanctions qu’elle impose, ou de leurs effets. »[10] La question fondamentale reste ouverte dans cette inaction peureuse, et Sibony rappelle qu’il s’agit là de la peur de la poser:
« L’histoire montre qu’un pouvoir musulman ne tolère les autres, à la rigueur (comme au Maroc), que si, en tant qu’autres, ils n’ont aucun pouvoir sur sa culture, sa société, etc. La question s’est d’ailleurs inversée : est-il possible qu’en Europe, les présences musulmanes s’accommodent d’un pouvoir laïc, qui relègue l’islam comme toute autre religion dans la sphère privée ou communautaire et qui protège la sphère publique de ses intrusions ? Bref, est-il possible que l’islam soit assez dense en pays non musulman sans vouloir soumettre ce pays à sa loi ? La question reste ouverte ; on a bien le cas de l’Inde, mais les hindouistes n’ont pas les états d’âmes de l’Europe chrétienne ». [11]
L’establishment politique dit constamment :« pas de stigmatisation ». Mais si on regarde le Texte du Coran, on y trouve que les Autres y sont tous stigmatisés. Or, personne ne regarde le texte. Pourquoi ? Parce que les gens ont peur d’être taxé d’islamophobie ou d’extrême droite, ils ont peur pour leur propre image. La loi est donc niée au profit du narcissisme masochiste. Le fait de braver la loi qui interdit le voile à l’école laïque constitue un défi lancé au mode de vie du pays. C’est aussi un phénomène lié au mode d’être de l’islam :
« L’Europe aura du mal à faire face sans modifier son rapport avec ses principes, pour affronter une situation totalement inédite dans l’histoire. Rien n’indique qu’elle ne va pas se rendre malade, et même agoniser en douceur par charité envers l’autre par un élan de profonde compréhension, vaguement christique, du genre : ils sont fous, ils ne savent pas ce qu’ils font, il faut les comprendre, mieux répondre à leurs besoins, etc. »[12]
« En somme, l’Europe a peur, les musulmans modérés ont peur, et les islamistes de tous bords ne cherchent qu’à faire peur. Voilà « une affaire qui marche. […] ce qu’on observe dans l’histoire du voile, c’est la barrière de la loi ». On pourrait ajouter que cette affaire marche, car la barrière de la loi n’existe pas, ce qui rend inutile les « mesures » du gouvernement, les formations à la laïcité, les guides de la laïcité etc. La laïcité n’est pas seulement la liberté de croire ou de ne pas croire, c’est surtout la protection de l’espace public contre l’empiétement des religions ou des idéologies agressives. Si cette condition n’est pas respectée par ceux qui sont censé incarner la loi, parce qu’ils ont peur, il va sans dire qu’une grande brèche s’ouvre pour la conquête de l’espace public par l’identité islamique.
La défenestration et l’égorgement par les « détraqués »
Le ton a été donné en 2017 par Kobili Traore qui a défenestré Sarah Halimi en accompagnant son geste par le traditionnel « Allah Akbar ». Là aussi, les expertises psychiatriques, le jugement des magistrats quant à la santé mentale et donc la responsabilité pénale des uns et des autres ne permet pas de voir l’origine de la haine identitaire. Il s’agit d’une haine millénaire qui existe en terres arabes depuis que le Coran existe et qui est le principal vecteur de ces attaques. Il se peut très bien que tous ceux qui sont déclarés par les médias et par les tribunaux « détraqués », ne soient pas « normaux ». Alors, il est légitime de se demander quelle est cette folie qui se dirige particulièrement vers les Juifs, et si l’on peut-être dans un état normal quand on tue au nom de son Dieu. A ces interrogations, le psychanalyste propose une analyse intéressante.
Ces « fous » qui sniffent du cannabis le font souvent en « sniffant » les appels du Coran[13] et les explications des imams qui officient dans les mosquées qu’ils fréquentent. Donc, il s’agit d’ actes pieux, Kobili Traore l’a préparé, il en parle. Rachid Kheniche s’est fendu des tweets contre les Juifs et Israël avant de jeter par la fenêtre son voisin. Sur Mohammed, qui a assassiné Alban Gervaise, médecin militaire à Marseille, sous les yeux de ses enfants, les médias sont étrangement silencieux. La seule chose qu’on sache c’est qu’il a crié :« Allah Akbar » en égorgeant Alban Gervais. Mohammed était connu des services de police comme trafiquant de stupéfiants. Que ce soit Kobili Traore ou Mohammed L, tueur d’Alban Gervaise, ces hommes ont commis des actes « pieux » au nom de Dieu.
Daniel Sibony s’interroge sur cette folie et utilise le mot « pieux » pour caractériser ces actes, en remarquant que cela peut paraître incongru aux juges laïcs qui préfèrent la remplacer par « fou ». Car parler de l’acte commis au nom d’une religion, ne cadre pas avec la justice de la société laïque. Les meurtres au nom de Dieu ont commencé en France avec celui de Sébastien Selam en 2003, où son tueur, Adel Amastaibou, reconnu irresponsable pénalement, a expliqué qu’après avoir tué un Juif il irait au paradis. Alors, si ces personnes sont déclarées folles, il faudrait peut-être s’interroger sur l’origine de cette folie, assez communément répandue. Et pourtant, cette « folie » est inscrite dans le texte. Celui du Coran. Personne ne veut aller voir de près le texte où cette folie est exposée dans de nombreuses sourates. Elle est en quelque sorte institutionnalisée. La preuve, quand un Juif israélien est poignardé au nom d’Allah, personne ne parle de « détraqués » ou « d’irresponsables ». En Israël, on parle de terroristes et en Europe de « résistants palestiniens », alors que les motifs des uns et des autres sont dictés par la même vindicte. Mais l’Europe préfère ne pas le voir en plaidant la « lutte anti-coloniale », qui justifie le jihad…ou la même « folie » qu’on refuse de comprendre sur son propre sol.
Sibony, qui a vécu au sein de la culture musulmane, explique ceci :
« Le niveau plus profond du problème est l’écart entre les deux cultures. Un énoncé comme « les juifs sont des singes et les chrétiens des porcs »[14] ou comme « il faut les combattre jusqu’au bout » sonne un peu délirant aux oreilles occidentales, mais il est très tenable et bien tenu dans l’espace islamique. Cela ne veut pas dire que ces sujets sont « antisémites » au sens occidental, ils peuvent être très conviviaux mais si, pour des raisons variables, l’appel sacré s’impose à eux, à un moment où ils veulent donner « plus de sens » à leur vie et la rapprocher du sacré, ils peuvent le mettre en acte »[15].
Voilà pourquoi la convivialité de Rachid Khéniche qui recevait chez lui « tonton René » n’est pas contradictoire avec les appels très anciens qu’il a pu incorporer.
En analysant le refus de la justice de se pencher sur le lien de la folie et de la religion dans le cas des meurtres, Sibony note:
« Les juges qui refusent le procès ont de bonnes intentions : ne surtout pas laisser dire que de tels actes ont un rapport avec l’islam. Le message est bien passé, tout le monde sait que ce rapport est étroit mais qu’il ne faut pas le dire. Et voilà qu’avec ces actes on passe au cran supérieur : vu que le rapport avec l’islam transparait trop clairement, il ne faut pas laisser dire que le discours des tueurs, qui citent presque à la lettre le texte sacré, est un discours religieux, il ne peut être que psychotique, sinon c’est toute une religion qui serait pointée comme un peu folle quand elle veut s’installer dans une culture qu’elle-même conteste sans avoir les moyens de l’effacer et qu’elle ne peut pas « soumettre » »[16].
Dans le procès de Salah Abdelslam qui s’est tenu à Paris en 2022, les experts psychiatriques sont également convoqués. L’avocate a annoncé que beaucoup de motifs de « basculement » ont été compris grâce aux experts psychiatriques, « qui ont pu expertiser tout un tas de grands criminels, qui ont expertisé Guy Georges[17], ont expliqué qu’il n’était pas un fou qu’il avait une posture de soldat de l’État Islamique…Il y a un risque d’effondrement corroboré par tous ces experts».[18]
Depuis 2000, 13 Juifs ont été tués en France, parce que Juifs, et beaucoup d’autres parce que non-musulmans. Ces meurtres ont été commis au nom d’Allah, au nom de l’appel qui est inscrit dans le Texte fondamental. On remarquera qu’il n’y a pas de cas en France où un Juif ou un Chrétien ou un athée s’en prendrait à des musulmans ou à qui que ce soit d’autre. Les Juifs ne souffrent pas de cette haine identitaire, elle ne fait pas partie de leur identité, elle n’est inscrite dans aucun texte, elle n’est pas intéressante pour exister. Les Chrétiens en ont fait leur deuil dans leur grande majorité, après avoir revu la lecture de leur Texte. La haine est une passion forte, possessive, elle empêche de vivre. Sibony remarque: « et nos experts ici n’ont aucune idée d’une haine dont l’objet concerne l’existence même de l’autre »[19] Or le discours coranique est prononcé plusieurs fois par jour, et même si on ne l’écoute pas attentivement ou qu’on ne connaît pas le Coran, il traverse l’identité de ceux qui se réclament de cette culture. Il faut lire vraiment le Coran pour comprendre la manière dont les Juifs et les Chrétiens y sont présentés. Et comprendre aussi que ce livre est très présent, que la vie des musulmans est étroitement liée, dans le texte, avec la vie des Juifs, considérés comme les maudits d’Allah. Les sourates du Coran regorgent de condamnations des Juifs qui sont considérés comme ceux qui ont perverti la parole d’Allah et qui en tant que tels méritent un châtiment. Et ceux qui passent à l’acte ne font qu’appliquer à la lettre la vindicte inscrite dans le texte qui légitime leurs racines. Effectivement, si on ne veut pas parler de ces racines, c’est que l’on considère qu’elles sont peut-être dangereuses, ou qu’elles peuvent comporter de la violence à l’égard des autres. Et peut-être même contester l’idée que l’islam est une religion d’amour. Comme dit Sibony,
Le montage pervers
Le quatrième événement doit interpeller les Européens, car il s’agit là d’une forme fanatique du déni que l’Europe dissimule sous l’enveloppe de « l’ islamiquement correct’’. À l’Académie des Beaux-Arts, Bezalel, nous avons affaire à deux types de fanatiques : fanatiques du djihad et fanatiques juifs qui se retournent contre les leurs, les fanatiques gestionnaires de l’établissement. Les fanatiques juifs reprochent au peuple juif d’être la cause de la vindicte antijuive que l’étudiant arabe a célébrée avec ferveur. Ils leur reprochent, à ces Juifs, de vouloir maintenir la chaîne de transmission symbolique, de résister aux velléités d’anéantir le peuple juif au nom d’Allah, de ne pas tolérer les appels aux meurtres des leurs. L’étudiant juif ne voulait pas partager le même espace avec celui qui applaudissait le meurtre des Juifs, craignant pour sa vie et pour la vie de ses camarades. Il a été considéré « coupable » de ne pas vouloir supporter les appels au meurtre de son peuple. Il a dû « expier » sa faute par son éloignement de l’université.
Daniel Sibony appelle cela « un empaquetage », « une enveloppe » rhétorique et il en donne un exemple dans ce dialogue imaginaire, mais qui s’applique fort bien à la situation :
« -Pour moi, être antisémite, c’est traiter quelqu’un de Juif[20].
-C’est un peu strict, mais admettons. Et si en plus, on lui jetait une pierre ? –Alors, il faut prouver que celui qui jette la pierre n’est pas un simple voyou.
-Et s’il la jette en criant « antisioniste » ?
-Eh bien ? c’est un voyou qui critique Israël, voilà tout
De sorte que « l’antisionisme » n’est pas un prétexte pour faire passer un discours antisémite, il est le passage même de ce discours »[21]
Les gestionnaires de Bezalel s’inscrivent exactement dans ce montage pervers à l’européenne, agrémenté par le narcissisme moral qui caractérise la gauche israélienne. Analysons ce qui se passe : l’étudiant arabe soutient vigoureusement et ouvertement les terroristes et le meurtre des Juifs, par conséquent aussi de ceux qui sont ses camarades de classe. Mais comme il n’a encore tué personne, les camarades de classe ne se sentent pas agressés. Quant à lui, il ne sera pas considéré comme un voyou. Les gestionnaires de Bezalel vont plus loin que les antisionistes. Ils considèrent que l’étudiant arabe exprime son avis et qu’il en a le droit. Mais tous ne partagent pas leur avis et protestent contre la glorification de la violence meurtrière. Un étudiant juif commet un acte de violence insupportable, il renverse la tasse de café de l’homme qui se réjouit du meurtre des Juifs. On filme l’incident provoqué par le Juif qui n’a pas envie de partager un même espace avec celui dont on ne sait pas si un jour ou l’autre, il ne sera pas en proie à l’envie d’exécuter quelques Juifs au nom d’Allah ; ensuite, on oublie la cause de ce geste et on considère que l’étudiant juif a commis une agression. Cette agression « identitaire » mérite un châtiment exemplaire. Résultat : l’un (l’étudiant musulman) serait donc un « libre penseur » et l’autre (l’étudiant juif) un « raciste identitaire ». Cette logique d’inversion, masochiste et perverse à la fois, dépasse même la perversion européenne, car elle incite les « libres penseurs » à plus d’expression de leur pensée (haine) et intimident par des mesures punitives ceux qui veulent la contester. Le renversement d’une tasse de café de l’appelant au meurtre est une offense insupportable qui touche à l’identité même de l’étudiant musulman. Elle doit être punie de manière exemplaire et durable. Un juif ne s’attaque pas à celui qui incite à le tuer. Tant qu’il n’est pas tué, il est le plus fort. Et le plus fort doit supporter que le plus faible veuille sa mort. L’étudiant juif est ainsi sacrifié à la « perversion de l’humanitaire ».
« L’acte pervers typique est de mettre un obstacle devant un aveugle, ou de l’ombre devant ceux qui voient. Mettre de l’ombre c’est cacher une part de la réalité pour l’ajuster à ses fins. C’est faire médire d’Israël par ceux qui voient sur leurs écrans des gens souffrir, mourir, pleurer sans qu’on sache le pourquoi du comment ».
Ici, on voit la tasse de café qui s’envole, mais on ne voit pas les corps des israéliens morts au cours des dernières violences collectives, ni le deuil de leurs familles. L’exclusion de l’étudiant juif par les fonctionnaires israéliens s’inscrit également dans le fait que la gauche israélienne a intégré les schémas mentaux chrétiens qui sont en vigueur en Europe d’aujourd’hui : tout pour l’autre, quitte à être antijuif par humanisme.
D’ailleurs, les discours entendus lors du procès de Salah Abdelslam, permettent d’observer cet évangélisme à l’œuvre. Telles sont les propositions de l’avocate d’Abdelslam, Olivia Ronen, qui semblent inspirées par les paroles de saint Matthieu ou de Saint Jean. Elle dit «Il paraît que le châtiment a pour but de rendre meilleur celui qui châtie. Alors, quand vous réfléchirez à votre décision, je vous demande de faire l’effort de vous poser cette question : est-ce que la peine que vous allez prononcer nous rendra meilleurs ? »[22]. Comparons avec les paroles des évangélistes
« Heureux les miséricordieux, car ils obtiendront miséricorde. » (Matthieu 5, 7)
« Comme on persistait à l’interroger, il se redressa et leur dit : “Celui d’entre vous qui est sans péché, qu’il soit le premier à lui jeter une pierre.” » (Jean 8,7)
Cette ignorance délibérée ou plutôt le déni de la vindicte coranique, « l’oubli » des acteurs du procès de se pencher sur les racines (identitaires, religieuses, idéologiques) des assassins nourrissent le malentendu profond qui, contrairement, aux affirmations d’Olivia Ronen, ne permettront pas d’éviter la répétition de ces actes.
En guise de conclusion
Dans un autre ouvrage, qui n’a pas été cité ici, mais qui est aussi fondamental pour comprendre la dynamique des rapports entre l’Occident et l’Islam, Les trois monothéismes, Daniel Sibony écrit :
« L’origine de la haine c’est la haine de l’origine»[23]
C’est peut-être autour de cette remarque qu’il faudrait (aussi) construire des raisonnements analytiques sur les tensions que connaît aujourd’hui l’Occident avec l’Islam. Ce n’est pas en remplaçant la haine de soi par l’amour de l’autre (variante masochiste qu’on voit à l’œuvre en Europe et en Israël) que cette tension pourra se résoudre, ce n’est pas non plus par la phobie de l’autre ou par une quête de sécurité totale que ces tensions se résorberont, mais par le questionnement patient des origines et de leurs failles qui permettront de n’être ni dans la soumission à l’autre ni dans son exclusion. C’est en cela que la lecture des œuvres de Daniel Sibony a toute son importance et efficacité.
[1] https://mobile.twitter.com/khenicher/with_replies
[2] http://www.regards.fr/actu/monde/article/sommes-nous-aux-portes-de-la-nuit
[4] Le grand malentendu, p. 69
[5] Un certain vivre-ensemble, p. 62.
[6] Proche-Orient. Psychanalyse du conflit, p. 64.
[7] https://www.islamweb.net/fr/fatwa/88123/Doit-on-porter-des-v%C3%AAtements-sp%C3%A9cifiquement-musulmans-
[8] Le grand malentendu, p. 126.
[9] Ops. cité, p. 68
[10] Le grand malentendu, p. 68
[11] Sibony, D. Un certain « vivre-ensemble ». Musulmans et Juifs dans le monde arabe. Paris, Odile Jacob, p. 38
[12] Sibony, D. Le grand malentendu. Islam, Israël, Occident. , Paris, Odile Jacob, p. 167.
[13] Sibony, D. « Terrorisme islamiste et folie », RDDM, 30 avril, 2020
[14] https://akadem.org/magazine/2017-2018/les-juifs-les-porcs-et-les-singes-avec-daniel-sibony-17-05-2018-101291_4753.php
[15] « L’islamisme et la folie », dans la revue des Deux Mondes.
[16] « L’islamisme et la folie », dans la Revue des Deux Monde, p. 4.
[17] Tueur en série et violeur
[18] https://www.francetvinfo.fr/faits-divers/terrorisme/attaques-du-13-novembre-a-paris/arrestation-de-salah-abdeslam/video-proces-du-13-novembre-on-attend-avec-espoir-et-un-peu-dinquietude-le-verdict-ce-mercredi-soir-reagit-lavocate-de-salah-abdeslam_5226526.html
[19] Le grand malentendu, p. 138
[20] Le livre dont ce dialogue est tiré, Proche-Orient, Psychanalyse d’un Conflit, est écrit en 2003. On apprendra plus tard, au procès de Georges Bensoussan, initié par le feu CCIF(Collectif contre l’Islamophobie en France), que « être traité de Juif » est une insulte ordinaire en arabe, selon la sociologue témoin Nacéra Guénif. C’est aussi ce que raconte Fadila Maaroufi sur les insultes qui avaient cours dans sa famille. Quand quelqu’un faisait ce que ne plaît pas aux parents, on le traitait de juif. (https://www.youtube.com/watch?v=9ZBpmgzoAbM)
[21] Proche-Orient, psychanalyse du conflit, p. 238
[22] https://www.lemonde.fr/societe/article/2022/06/25/au-proces-du-13-novembre-la-puissante-plaidoirie-des-avocats-de-salah-abdeslam-contre-une-peine-de-mort-lente_6131968_3224.html
[23] D. Sibony, Les trois monothéismes. Paris, Seuil, coll. Points, p. 328.